Etat des lieux : un regard circonspect sur l’Afrique, Serge M.TOMONDJI

Journaliste et éditorialiste béninois, Serge Mathias TOMONDJI est installé au Burkina Faso depuis 1993, où il a assumé différentes fonctions et responsabilités dans plusieurs organes de presse écrite et en ligne. Il a également présenté plusieurs émissions à la radio, avant de poursuivre, depuis 2017, son aventure professionnelle à la télévision, comme éditorialiste et comme animateur de débats sur des sujets variés, concernant notamment l'actualité et les mutations sociopolitiques du continent africain, ainsi que sur la culture, la société, les idées.

De A comme Alliance à Z comme Zlecaf, Serge Mathias Tomondji propose, dans cet abécédaire qu’il nous acommuniqué et qui vient d’être publié dans le N°100 de l'excellent magazine camerounais et panafricain Notre Afrik, un pertinent état des lieux sur l’Afrique d’aujourd’hui. Il nous invite ainsi, avec 26 mots-clés, à autant de haltes pédagogiques pour un voyage instructif à travers des faits, évènements marquants et repères utiles d’un continent qui doit relever d’énormes défis…. 

Merci à Serge Mathias ainsi qu'à la Direction de Notre Afrik.

A COMME… ALLIANCE 

Créée le 16 septembre 2023 pour « établir une défense collective et une assistance mutuelle face aux menaces à leur souveraineté et à leur intégrité territoriale », l’Alliance des États du Sahel (AES) est désormais une entité géopolitique ouest-africaine avec laquelle il faut compter. Cette entité formée du Burkina, du Mali et du Niger, érigée en Confédération depuis le 6 juillet 2024, en vue de « renforcer la coopération régionale face aux défis du Sahel, notamment la lutte contre le terrorisme et la promotion d’un développement durable », adopte une position diplomatique commune et fera incontestablement parler davantage d’elle en 2025. 

B COMME... BANIKOARA 

Localité située dans la région septentrionale du Bénin, Banikoara sera-t-elle le prochain épicentre des attaques terroristes en Afrique de l’Ouest ? L’infiltration croissante des groupes terroristes dans cette commune frontalière du nord du Bénin, proche du Burkina Faso et du Parc national du W, nourrit bien des inquiétudes, surtout après l’attaque qui a coûté la vie, le 8 janvier 2025, à 28 soldats béninois. Dans un rapport publié le 17 mars dernier, le Think tank Timbuktu Institute alerte sur le risque pour cette commune de… « basculer dans une crise sécuritaire majeure en raison de la stratégie d’enracinement de ces groupes dans les communautés locales et des effets contre-productifs d’une approche sécuritaire trop répressive »

C COMME… CÔTE D’IVOIRE 

Rendez-vous électoral crucial cette année pour la Côte d’Ivoire où les citoyens sont appelés aux urnes le 25 octobre 2025 afin de choisir leur prochain président de la République. Au moment où les débats se cristallisent autour de la liste électorale qui exclue certaines personnalités, le scrutin reste potentiellement crisogène. La confirmation de la radiation de l’ancien président Laurent Gbagbo, candidat déclaré de son parti (PPA-CI), de la Liste électorale provisoire, en même temps que celle de Guillaume Soro et de Charles Blé Goudé (puis celle plus récente de Tidjane Thiam), alimente bien des tensions. Pendant ce temps, on attend toujours l’officialisation ou non de la candidature du chef de l’État sortant, Alassane Ouattara, qui enchaînerait alors un quatrième quinquennat à la tête du pays… 

https://notreafrik.com/

D COMME… DIALOGUE 

Il faut sans doute beaucoup de dialogue pour apaiser les cœurs et guérir les frustrations qui nourrissent tant de conflits sur le continent. Du Sahel central en République démocratique du Congo, en passant par le Soudan, la Somalie, le Cameroun… les foyers de tensions se sont multipliés ces dernières années sur continent avec des causes et des conséquences diverses. Cette année 2025 apportera-t-elle une éclaircie afin que la priorité soit accordée, dans tous nos pays, aux véritables questions de développement ?   

E COMME… ÉLECTIONS 

Au-delà de la tourmente d’une remise en cause presque systémique des processus démocratiques dans un certain nombre de pays du continent, les urnes parleront à nouveau cette année en Afrique. Dans l’agenda, on compte ainsi plusieurs scrutins avec notamment 9 élections présidentielles — contre 19 en 2024 —, sept élections législatives, deux sénatoriales, deux municipales et deux référendums. Et sur le volet « course à la magistrature suprême » qui se joue une fois de plus sur la crédibilité et la transparence, on surveillera particulièrement les scrutins du Gabon, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau et de la République centrafricaine. 

F COMME… FORCES ÉTRANGÈRES 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Afrique de 2025 s’émancipe de la présence militaire française sur son sol. Après avoir été contrainte à faire place nette au Mali, au Burkina puis au Niger entre 2022 et 2023, la France a dû se résoudre à rapatrier ses forces armées du Tchad et est en train de quitter le Sénégal. Toutefois, cette démarche s’énonce différemment en Côte d’Ivoire, où la France a procédé, le 20 février 2025, à la rétrocession de sa base militaire de Port-Bouët, confirmant l’inéluctable changement de paradigme entre l’Hexagone et ses anciennes possessions d’Afrique. Il ne reste à présent plus que le Gabon et Djibouti pour témoigner de la présence militaire française sur le continent. 

G COMME…  GABON 

Après le coup d’État du 30 août 2023 qui a mis un terme au long règne du clan Bongo, les Gabonais sont appelés aux urnes le 12 avril 2025 en vue de clôturer la période de transition. Huit candidats sont autorisés à conquérir le fauteuil présidentiel, dans une course courue d’avance par l’actuel chef de l’État, le général Brice Clotaire Oligui Nguéma, qui avait pourtant promis, lorsqu’il prenait la tête du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), qu’il… organiserait « des élections libres et transparentes en vue de rendre le pouvoir aux civils ». Et si ses adversaires dénoncent une élection taillée à sa mesure, lui affirme qu’il n’a jamais dit qu’il ne sera pas candidat… [Au final, l’élection a consacré son écrasante victoire avec 94,85 % des voix et il sera investi le 3 mai 2025, mettant un terme à la transition politique ouverte depuis le coup d’État du 30 août 2023.]  

H COMME… HAÏTI 

Créée en 1804 suite à la défaite française lors de l’expédition de Saint-Domingue, Haïti souffre le martyr depuis la nuit des temps, aussi bien sur le plan sociopolitique, qu’infrastructurel et économique. Port-au-Prince, la capitale, est à nouveau en proie à une « flambée de violences de bandes criminelles, accusées de meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon, dans un contexte de grande instabilité politique ». Le Kenya a ainsi décidé d’y déployer environ 1 000 policiers, de même que le Bénin, qui s’est engagé à fournir 2 000 hommes pour la force multinationale de soutien à la sécurité en Haïti (MMSS) qui se met en place. Même si certains considèrent cette intervention comme une nouvelle forme d’invasion étrangère, il est utile de préciser que… la violence des gangs — qui contrôlent environ 80 % de Port-au-Prince — a causé plus de 2 500 morts ou blessés au cours des premiers mois de l’année 2025. 

I COMME… INTÉGRATION 

Que faut-il aujourd’hui au continent pour qu’il réalise enfin la vision d’une « Afrique intégrée, prospère et pacifique » ? Cette problématique était cœur des échanges du jubilé d’or, en mai 2013, de l’Organisation de l’unité africaine (OUA)/Union africaine (UA). Dix années plus tard, faisant « l’état de l’intégration régionale et continentale en Afrique », l’institution panafricaine constate que… « le processus d’intégration africaine continue d’être limité par la faiblesse des liens et des ponts entre les ressources du continent ». Le Rapport 2023 sur l’intégration africaine, souligne ainsi que l’objectif global à atteindre est de construire « une Afrique intégrée et bien connectée », à travers notamment « la promotion de la libre circulation, le passeport africain et un marché commun africain »

J COMME… JEUNESSE Tous les discours le proclament, l’une des forces du continent africain, c’est la jeunesse de sa population, qui compte plus de 60 % de personnes de moins de 25 ans. Un énorme potentiel qui est appelé à se consolider puisque, selon les projections, la population africaine — qui devrait atteindre 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050, représentant plus d’un quart de la population mondiale — sera alors composée de plus de 830 millions de jeunes ! Mais cet incroyable potentiel démographique ne sera véritablement bénéfique que si des politiques et investissements adéquats dans l’éducation, la santé et la formation professionnelle permettent réellement aux jeunes de contribuer activement à la transformation de leur continent.   

K COMME… KÉRÉKOU 

L’ancien président du Bénin, Mathieu Kérékou, a tiré sa révérence le 14 octobre 2015. Bientôt dix ans donc que celui qui détient jusque-là le record de longévité à la tête de ce pays d’Afrique de l’Ouest n’est plus. Et s’il s’invite dans ce tour d’horizon africain, c’est parce qu’il a joué un rôle plus que déterminant dans la mise en œuvre des décisions de la Conférence nationale des forces vives du Bénin, la toute première sur le continent, tenue du 19 au 28 février 1990 à Cotonou, et dont on a beaucoup reparlé récemment, 35 ans après. De révolutionnaire à démocrate, Mathieu Kérékou est aussi l’auteur ou la caution morale, le 26 octobre 1972, du dernier coup d’État survenu au Bénin. Il y a déjà 52 ans ! Pourvu que ça continue…   

L COMME… LIBYE 

Bientôt 14 ans que Mouammar Kadhafi a été assassiné, le 20 octobre 2011 à Syrte, ouvrant la boîte de Pandore de l’insécurité terroriste en Afrique de l’Ouest. Plongé dans un indicible chaos politique, ce pays, autrefois prospère, n’est désormais plus que l’ombre de lui-même, miné par les violences fratricides et les divisions, et gouverné par deux exécutifs rivaux. Des dirigeants qui, vraisemblablement, placent « leurs intérêts personnels au-dessus des besoins du pays », a estimé Abdoulaye Bathily, neuvième émissaire des Nations unies dans ce pays désuni et déconstruit, qui a dû rendre sa démission le 16 avril 2024. Quand nous rendra-t-on notre Libye ? 

M COMME… MANDELA 

La disparition, le 5 décembre 2013, de Nelson Rolihlahla Mandela à l’âge de 95 ans, reste un évènement marquant de l’Afrique contemporaine. Et mieux que sa disparition, c’est l’action déterminante de cette l’icône de la lutte antiapartheid qui constitue une leçon pour les générations futures. Mais sans doute que son héritage reste trop lourd à porter dans cette Afrique du Sud toujours en proie à des inégalités criardes ! À l’évidence, Nelson Mandela a tellement apporté à l’humanité qu’il devrait constamment être convoqué dans l’œuvre de construction d’un monde plus juste, qui se soucie davantage de la promotion des libertés et du respect de la dignité humaine.  

N COMME… NIGERIA Géant de l’Afrique de l’Ouest avec une population estimée, en mars 2025, à environ 233 millions d’habitants, le Nigeria, nation la plus peuplée d’Afrique, célèbrera, le 29 mai prochain, sa 26e « Democracy Day », marquant le retour à la démocratie dans cette République fédérale. Ce jour-là, on se remémorera l’élection, en 1999, du président Olusegun Obasanjo à la tête du pays, mais on se souviendra surtout de Moshood Abiola, décédé en 1998, peu avant sa libération, alors qu’il avait été embastillé pour avoir remporté l’élection présidentielle de 1993. Cela fait donc 26 années maintenant que le Nigeria n’a plus enregistré de coup d’État mais sa démocratie reste tout de même fragile en ces temps où l’on assiste à une recrudescence de remous sociaux. 

O COMME… OLÉODUCS 

L’énergie faisant la force du développement, il est important que tout ce qui concourt à son exploitation judicieuse soit mis en œuvre ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que… « l’Afrique est en pleine mutation énergétique » avec plusieurs projets ou réalisations d’oléoducs. On peut ainsi citer l’oléoduc du Niger vers le port de Sèmè, au Bénin, le Trans-Niger Pipeline (TNP), au Nigeria, celui de l’Ouganda vers la Tanzanie, et aussi le gazoduc transsaharien, qui reliera le Nigeria, le Niger et l’Algérie. Mais nombre de ces importantes réalisations, qui coûtent énormément d’argent, doivent encore faire face à de terribles défis de vandalisme et de fuites de pétrole, si ce ne sont des considérations liées à l’insécurité et au terrorisme… 

P COMME… PARTIS POLITIQUES 

Sale temps pour les partis politiques ? En tout cas, dans certains pays du continent, ils sont mis à l’étouffoir, entre les rigueurs d’un système partisan rigide et le désir de rebattre les cartes du jeu politique. Suspendus, exclus, dissous, recadrés… les partis politiques — que la Béninoise Marie-Élise Gbèdo avait qualifié de « regroupements alimentaires » — sont devenus inaudibles dans un certain nombre de pays. Le moment est peut-être venu de toiletter les chartes qui les régissent et de regarder plus diligemment à leur fonctionnement effectif afin qu’ils jouent plus efficacement leur rôle d’animation de la vie politique nationale et de cogestionnaires de la formation citoyenne et républicaine de leurs membres. 

Q COMME… QUAND ? 

Quand l’Afrique, notre Afrique — qui dispose pourtant d’un potentiel énorme pour réussir son émergence économique dans un climat de paix sociale et de stabilité politique — comptera-t-elle vraiment dans le concert des nations ? À l’aube du 65e anniversaire des « soleils des indépendances », il est indispensable de se réapproprier la pertinente question de l’historien burkinabè Joseph Ki-Zerbo, aujourd’hui décédé : « À quand l’Afrique ? » Dans cet ouvrage-entretien avec René Holenstein paru en 2013, Joseph Ki-Zerbo plaide pour… « une indépendance authentique de l’Afrique dans le cadre d’un développement endogène, impensable en dehors du cadre panafricain ». En somme, capitaliser sur l’identité première de continent (cultures et traditions) afin de « faire renaître une Afrique nouvelle guidée par le passage de soi à soi-même » ! Tout un programme, un progiciel à réinitialiser… 

R COMME… REBRANDING 

L’Afrique nouvelle ne peut se construire sans une image rénovée et des actions concrètes qui bâtissent les transformations politiques, économiques et sociales dont elle a besoin pour s’affirmer. En cela, Notre Afrik joue brillamment sa partition depuis dix ans à travers le Rebranding Africa Forum. Un rendez-vous majeur qui est devenu « le laboratoire qui catalyse les questionnements et les espoirs de l’Afrique, un formidable creuset d’influence pour matérialiser notre volonté d’amener le continent, par la force de propositions pertinentes et de stratégies mieux pensées et plus coordonnées, sur les chemins de sa renaissance »

S COMME… SOMALILAND 

Ancien protectorat britannique avant d’être intégré, en 1960, à la Somalie indépendante, le Somaliland a fait sécession en 1991 lorsque le pays a sombré dans la guerre civile et a proclamé son indépendance. Et a construit, depuis, « un État, un ordre démocratique, sa propre monnaie et une économie ». Mais ce « bon élève démocratique », qui jouit d’une paix qui fuit la Somalie, n’a toujours aucune reconnaissance officielle. Ni des Nations unies, ni de l’Union africaine. Un non-État qui respecte cependant les règles internationales et qui veut compter diplomatiquement sur l’échiquier mondial… 

T COMME… TOGO … 

Et le Togo change de paradigme institutionnel et politique ! Les élections sénatoriales du 15 février dernier et la nomination, dans la foulée, des sénateurs désignés, sont en effet venues parachever la nouvelle architecture institutionnelle du pays, qui tourne le dos au régime semi-présidentiel. L’élection présidentielle initialement prévue cette année passe ainsi à la trappe et le nouveau président de la République, désigné par le parlement réuni en congrès, n’aura qu’un rôle honorifique. On attend à présent l’élection, toujours par le parlement, du… Président du Conseil des ministres, qui détiendra la réalité du pouvoir. L’opposition reste cependant vent debout contre cette réforme menée au forceps !   

U COMME… UNION AFRICAINE 

Addis-Abeba, 25 mai 1963. La conférence fondatrice de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) a lieu en Éthiopie. Mais le rêve de certains pères fondateurs de bâtir une entité africaine politiquement et économiquement unie se heurte à l’opposition de certains autres. Soixante-deux ans après, où en est le continent, qui traîne encore malheureusement les stigmates de la division ? L’OUA a passé le témoin à l’Union africaine depuis 2002 et la récente désintégration du bloc ouest-africain est une sirène qui la place à la croisée des chemins, au moment où résonnent ci et là des trompettes souverainistes de la conquête de « l’indépendance véritable ». 

V COMME… VÉRITÉ La vérité, proclame un proverbe africain, rougit les yeux mais ne les crève pas ! Et quelles que soient les tares qu’on veut lui attribuer avec une bonne dose de condescendance, rien ni personne ne peut démentir le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi A. Adesina, lorsqu’il affirme que l’Afrique, « dotée de ressources naturelles évaluées à 6 500 milliards de dollars, de 65 % des terres arables non cultivées de la planète et d’une population jeune et dynamique, n’a aucune excuse d’être pauvre » ! Non, vraiment, l’Afrique n’a aucune excuse de rester pauvre ! Nous tous, Africains, devons simplement, mais impérativement, prescrit encore Akinwumi A. Adesina, « retrousser nos manches, éradiquer la corruption et gérer nos ressources dans l’intérêt de nos pays et de nos populations»

W COMME… WANGARI 

Hommage à Wangari Maathai, fondatrice du Mouvement de la ceinture verte et première femme africaine à recevoir, en 2004, le prix Nobel de la paix pour son engagement en faveur de l’environnement et de l’émancipation des femmes. Née le 1er avril 1940, cette Kényane a développé une « vision holistique du développement durable, intégrant la démocratie, les droits humains et les droits des femmes ». Mais cette combattante et activiste politique, qui avait su étendre sa passion pour l’environnement à toute l’Afrique, est décédée le 25 septembre 2011 à 71 ans. Elle demeure « une figure emblématique de la lutte pour l’environnement et les droits des femmes, et son travail continue d’inspirer de nombreuses personnes à travers le monde »

X COMME… XÉNOPHILIE Dans la diversité qui vitalise chaque nation africaine, ses habitants ne peuvent que cultiver la xénophilie pour s’enrichir de cette impressionnante mosaïque de cultures, de valeurs et de savoir-être. Et si finalement notre apport à l’universel est de répondre à la xénophobie des uns par cette formidable capacité à valoriser et à apprécier les différences culturelles, cultuelles, idéologiques, tout en établissant des liens positifs avec les autres sans les oppresser avec nos certitudes ? Bien évidemment, l’Afrique est en droit d’attendre la même attitude des autres, en montrant en toute chose qu’elle est un partenaire majeur, capable d’opérer et d’assumer ses choix. 

Y COMME… YAOUNDÉ Réminiscences… C’était en mai 2010. L’Afrique s’était donnée rendez-vous, les 18 et 19 mai précisément, à Yaoundé, capitale du Cameroun, pour passer le continent au radioscope des défis non relevés, des ambitions insatisfaites, des espérances déçues. Cinquante ans après « les soleils des indépendances », la conférence internationale « Africa21 », ambitionnait ainsi de nous projeter, avec plus de hauteur, dans les défis du 21e siècle. On parlait alors de… fonder la nouvelle espérance d’un continent qui respecte les règles — politiques, démocratiques, économiques, etc. — qu’il se donne, qui a plus conscience de ses forces et de ses atouts et les actionne dans le bon sens pour avancer ! Aujourd’hui, quinze années plus tard, le compte n’y est manifestement pas encore… 

Z COMME… ZLECAF C’est un dispositif qui devrait permettre de fluidifier et d’intensifier le commerce et les échanges intra-africains. De plus, assure-t-on, la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) « pourrait permettre aux pays africains de faire sortir de l’extrême pauvreté 30 millions d’habitants ». On annonce même 450 milliards de dollars de gains potentiels, dont « environ 300 milliards proviendraient des mesures de facilitation du commerce visant à lever les freins bureaucratiques et à simplifier les procédures douanières ». En attendant que tout cela se concrétise effectivement pour le bien des populations, il faut noter qu’à ce jour 54 États membres de l’Union africaine ont signé l’accord sur la Zlecaf, tandis que 47 l’ont ratifié. Une belle perspective ?

© Serge Mathias Tomondji 

(in Notre Afrik N°100, Avril-Mai-Juin 2025)