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                                                                           in English below

Nous venons de vivre une période singulière et inédite de notre histoire, avec des conséquences planétaires.  Provoquée par un virus, qui n’est ni le premier ni le dernier, cette crise a touché tous les pays, indépendamment de leurs niveaux de développement. Les conséquences en sont encore  imprévisibles. En cela elle nous rappelle que nous sommes tous dans « le même bateau », sur la même planète.

Est-ce la fin de l’histoire dont nous avait parlé Francis Fukuyama au moment de la chute du mur de Berlin ? Certainement pas si l'on considère ce qui a surgi à l'est de l'Europe et au Moyen Orient comme en Afrique centrale.

Ce pourrait, en tous cas, être l’occasion d’envisager un changement profond des politiques et des paradigmes, avec une pensée nouvelle et mieux partagée, qui ne doit plus être réservée, voire parfois accaparée, par des élites installées.

La crise a montré la nécessité d'un vrai multilatéralisme, un multilatéralisme adapté au monde tel qu’il est aujourd’hui, en évolution accélérée et plus ouvert à nos sociétés, dans toute sa complexité et riche de sa diversité.


L'Europe arrivera-t-elle à dépasser sa fonction de caisse de résonance pour peser enfin de tout son poids et en toute réelle indépendance ?    

L'actualité récente démontre, et brutalement,  que cela redevient une exigence, face à des conflits majeurs  OTAN/Russie (en Ukraine), Israël/Palestine-Gaza,  Congo/Rwanda, et ailleurs ...  

On peut aussi espérer que, notamment en Afrique – mais pas seulement - les grandes organisations sous régionales, qui s'en inspirent, puissent jouer un rôle crucial dans la lutte coordonnée contre la pandémie et contre l’insécurité, et dans une approche transfrontalière, libérée des interventions étrangères, et parfois de voisinage.

Au niveau des Etats, se pourrait-il que l'autorité publique tant décriée au cours de ces dernières années, retrouve, et à tous les niveaux - du local au global - un minimum de confiance de la part des citoyens, au moins dans les pays où elle a su allier l'esprit de compromis avec la rigueur de l'action, tout en évitant l’imposition de quelque modèle ou système que ce soit.

Si une conviction émerge de nos analyses, c'est bien le rôle que doivent jouer les territoires et les citoyens, avec leurs élus et responsables, et avec l’ensemble des acteurs économiques, culturels, associatifs... dans la période de reconstruction, matérielle, mais aussi intellectuelle et morale qui s'avère indispensable, dans la prise en compte de l’hétérogénéité des démarches que le dialogue rend possible. 


Un dialogue qu'une nouvelle conception de la  Francophonie pourrait concrètement faciliter : une Francophonie internationale plus ouverte et mieux partagée, une Francophonie plus investie et mieux valorisée, une Francophonie moins institutionnelle et, surtout, plus citoyenne.

Les Médias donc, au regard de leur grande responsabilité et de leur importance, doivent pouvoir se ressourcer pour dépasser et relativiser la puissance des réseaux « sociaux » ouverts à toutes les manipulations comme à toutes les facilités. 


Eux-aussi, les journalistes – nombreux  parmi nous - sont trop souvent englués dans des discours univoques , parfois même militants, au nom d'une liberté de la presse opportunément interprétée et d'un "universalisme" à sens unique.  Les exemples hélas foisonnent.

Souvent otages d'un spectacle politico-médiatique qu'ils dénoncent, les médias doivent donc pouvoir se réinventer, non seulement pour jouer ce rôle indispensable à toute société démocratique mais aussi, de plus en plus souvent, pour survivre. Acteurs d'une réinvention du débat, partagée et en profondeur, ils peuvent demeurer, ou redevenir, des acteurs essentiels et respectés.  Il s’agit d’un enjeu essentiel, avec la place de la Justice dans tout Etat de droit.

L'actualité médiatique, concentré sur les deux conflits du Moyen Orient et en Ukraine, et le silence assourdissant concernant d'autres conflits, au moins aussi graves, dans le monde, démontre donc une fois encore, l'urgence d'échanger et de réellement dialoguer, et donc d'écouter et réfléchir comme l'ont souligné  le président Léopold Sédar Senghor et le philosophe Francois Jullien., nos deux "grandes références" (lire plus bas).

Face à un certain vide de la pensée politique, et à une crise d’adaptation de la démocratie, nous estimons donc fondamental de contribuer, collectivement, à une réflexion novatrice autour de l’impératif d’entreprendre des refondations anthropologiques, philosophiques, médiatiques, politiques, éthiques, économiques, sociales et sociétales. Cette ambition politique ne peut être fondée que sur l’action et la raison.

Comme quoi une pandémie mondiale et les menaces d'une mondialisation des conflits en cours, peuvent aussi être l’occasion, pour nos sociétés, de mesurer l’importance de se cimenter avec des initiatives créatrices de débats, des débats véritablement ouverts et respectueux, pour assurer au mieux des actions raisonnées. Il y a urgence.

Voici un chantier pour nous, initiateurs de I-Dialogos avec celles et ceux qui, de par le monde, choisiraient d’y participer, ainsi qu’à la publication qui permettra, à partir d’un croisement des regards, de partager, confronter et élargir plus encore analyses et propositions.

A nous alors d’en être ensemble les bâtisseurs. Trois thématiques ont ainsi été proposées  pour cette année, avec des contours qui restent encore à définir précisément et collectivement : 


Il conviendra, dans un deuxième temps, et en fonction de l’intérêt suscité, d’inventer et préciser les modalités de ce dialogue.  Nous pourrons nous y retrouver dans une diversité qui fondera notre force comme notre originalité.

N’est-ce pas Franklin Roosevelt, qui lors des sombres années 1930, affirmait : « Les hommes ne sont pas prisonniers de leur destin, mais de leur propre esprit »..


We have just experienced a unique and unprecedented period in our history, with global consequences. Caused by a virus, which is neither the first nor the last, this crisis has affected all countries, regardless of their levels of development. The consequences are still unpredictable. In this it reminds us that we are all in “the same boat”, on the same planet.

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Is this the end of the story that Francis Fukuyama told us about when the Berlin Wall fell? Certainly not if we consider what has arisen in Eastern Europe and the Middle East as well as in Central Africa.

It could, in any case, be an opportunity to consider a profound change in policies and paradigms, with new and better shared thinking, which should no longer be reserved, or even sometimes monopolized, by established elites.

The crisis has shown the need for true multilateralism, a multilateralism adapted to the world as it is today, in rapid evolution and more open to our societies, in all its complexity and rich in its diversity.

Will Europe manage to go beyond its role as a sounding board and finally exert all its weight and with complete independence?

Recent news demonstrates, and brutally, that this is once again becoming a requirement, in the face of major conflicts between NATO/Russia (in Ukraine), Israel/Palestine-Gaza, Congo/Rwanda, and elsewhere...

We can also hope that, particularly in Africa – but not only – the large sub-regional organizations, which draw inspiration from it, can play a crucial role in the coordinated fight against the pandemic and against insecurity, and in a cross-border approach, freed from foreign, and sometimes neighboring, interventions.

At the state level, could it be that the public authority so much criticized in recent years, regains, and at all levels - from local to global - a minimum of confidence on the part of citizens, at least in the country where it has been able to combine the spirit of compromise with the rigor of action, while avoiding the imposition of any model or system whatsoever.

If one conviction emerges from our analyses, it is the role that territories and citizens must play, with their elected officials and managers, and with all economic, cultural, associative actors, etc. in the reconstruction period, material, but also intellectual and moral which proves essential, in taking into account the heterogeneity of the approaches that dialogue makes possible.

A dialogue that a new conception of the Francophonie could concretely facilitate: a more open and better shared international Francophonie, a more invested and better valued Francophonie, a less institutional and, above all, more civic-minded Francophonie.

The Media therefore, in view of their great responsibility and their importance, must be able to recharge their batteries in order to overcome and put into perspective the power of “social” networks open to all manipulations and all facilities.

Journalists too – many of us – are too often stuck in unequivocal, sometimes even militant discourses, in the name of an opportunely interpreted freedom of the press and a one-sided “universalism”. Unfortunately, examples abound.

Often hostage to a political-media spectacle that they denounce, the media must therefore be able to reinvent themselves, not only to play this role which is essential to any democratic society but also, more and more often, to survive. Actors in a shared and in-depth reinvention of the debate, they can remain, or once again become, essential and respected actors. This is an essential issue, with the place of Justice in any rule of law.

The media news, focused on the two conflicts in the Middle East and in Ukraine, and the deafening silence concerning other conflicts, at least as serious, in the world, demonstrates once again, the urgency of exchanging and to truly dialogue, and therefore to listen and reflect as underlined by President Léopold Sédar Senghor and the philosopher Francois Jullien, our two “great references” (read below).

Faced with a certain void in political thought, and a crisis of adaptation of democracy, we therefore consider it fundamental to contribute, collectively, to innovative reflection around the imperative to undertake anthropological, philosophical, media, political, ethical, economic, social and societal. This political ambition can only be based on action and reason.

This shows that a global pandemic and the threats of a globalization of ongoing conflicts can also be an opportunity, for our societies, to measure the importance of cementing ourselves with initiatives that create debates, truly open and respectful debates, to ensure reasoned actions as best as possible. It's urgent.

Here is a project for us, initiators of I-Dialogos with those who, around the world, would choose to participate in it, as well as in the publication which will allow, from a crossing of perspectives, to share, confront and further broaden analyzes and proposals.

It is then up to us to be its builders together. Three themes were thus proposed for this year, with contours which still remain to be defined precisely and collectively:

- Media and press around the world
- International approach to health cooperation policies
- What democracy, what democracies? which territories?
- Overseas territories
- Francophonies?

It will be appropriate, secondly, and depending on the interest aroused, to invent and specify the modalities of this dialogue. We will be able to find ourselves there in a diversity which will establish our strength as well as our originality.

Wasn't it Franklin Roosevelt, who in the dark 1930s said: "Men are not prisoners of their destiny, but of their own minds."