La première victime d’une guerre, c’est la vérité.

Ryszard Kapuściński est un écrivain et journaliste polonais né le 4 mars 1932 à Pinsk, en Pologne, mort le 23 janvier 2007 à Varsovie.  Article, reste d'une particulère actualité, publié par Carolina Vasques Araya sur le site international d’information et en plusieurs langues Pressenza le   21.04.2023

ll est essentiel de savoir faire la différence entre le journalisme et la propagande. 

La façon dont l’information s’est transformée en un outil stratégique du pouvoir économique mondial fait désormais partie du paysage. 

Ce qui était autrefois un exercice de prise de risque, de confrontation et un outil utile pour la société semble être devenu l’opposé. 

Aujourd’hui, l’information manipule et dissimule des vérités qui, si elles étaient de notoriété publique, renverseraient les puissants de ce monde. Ce qui est toutefois frappant, c’est le cynisme avec lequel les principales chaînes d’informations affichent leur mépris pour les tragédies humanitaires qui ravagent la planète et la façon dont leur contenu est accepté comme une vérité absolue.. Donner en spectacle le malheur des autres est, semble-t-il, une technique capable d’attirer plus d’audience, et par conséquent, de générer davantage de revenus publicitaires. 

Kapuscinski, le grand reporter polonais, considérait ce qui suit comme la règle fondamentale du journalisme :  Cherchez la vérité parmi les gens ordinaires et, lorsque vous cherchez des réponses, oubliez les hautes sphères du pouvoir. Attardez-vous sur les détails : c’est parfois là que se cache la solution de tout problème. 

Fuyez la vanité et l’ego surdimensionné comme la peste, car c’est à cause d’eux que l’on perd en objectivité et que l’on cesse de faire la part des choses. 

Et enfin, voyagez seul, pour que le point de vue d’une tierce personne ne déforme pas la perception pure et directe du journaliste que vous êtes ». 

Pourtant, cette vision est aujourd’hui considérée comme un désavantage concurrentiel. Kapuscinski a parcouru le monde, mais pas comme un touriste qui loge dans des hôtels de luxe. Non, il a arpenté des routes quasi oubliées de tous, où la misère humaine sautait aux yeux. Il a relaté ce qu’il observait en mettant l’accent sur les liens avec les habitants les plus humbles et les peuples les plus démunis. 

Ses analyses approfondies pourraient couvrir l’équivalent de tout un doctorat en éthique et ses enseignements seraient capables de mettre à mal toute une profession qui, d’honorable, est devenue, dans certains cas, le pendant médiatique d’un tueur à gages. 

Fermement opposé aux conflits armés, ayant été témoin de nombre d’entre eux et de leurs conséquences, ce journaliste, lauréat du prix Prince des Asturies, a déclaré un jour : « la première victime d’une guerre, c’est la vérité ». 

En observant le contexte actuel et en remettant chaque chose à sa place, il est important de remarquer que l’étalage des spectacles de guerre et leur rhétorique déshumanisante reflètent la tendance d’un journalisme conçu pour et par l’hégémonie des pays les plus puissants. De cette façon, il assure la soumission et l’affaiblissement progressif des nations considérées comme « dépendantes ». 

Les véritables professionnels du journalisme, qui voient leur champ d’action réduit par les pressions qu’exercent les pouvoirs de facto et les grandes entreprises, par le chantage et les menaces. Les pressions incessantes visant à faire taire la vérité et à dissimuler les crimes d’État ne sont pas l’apanage des pays du tiers monde, on le constate dans les grands réseaux internationaux. Ils cautionnent les décisions fallacieuses des grandes puissances et font de leurs agressions des exemples de vertus démocratiques. 

Le journalisme traverse aujourd’hui la plus grande crise de crédibilité qu’il n’ait jamais connu.

Carolina Vasquez Aeaya

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Carolina Vasquez Aeaya : Journaliste et éditrice avec plus de 30 ans d'expérience, avec des réalisations professionnelles dans le développement de projets couronnés de succès qui confirment ses qualités de leadership, de créativité et de relations publiques. Elle a apporté ses connaissances dans des projets d'organisations dont les intérêts sont orientés vers le développement social, culturel et économique du pays, en particulier dans les secteurs de la culture et de l'éducation, de l'entreprenariat, des droits humains, de la justice, de l'environnement, des femmes et des enfants. Chilienne, elle vit au Guatemala. elquintopatio.wordpress.com 

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