Depuis de long mois et la sécheresse, la canicule et les incendies le renforce, l'opinion se polarise à juste titre, sur le réchauffement climatique. Il est important de s'en préoccuper, mais il est une autre question tout aussi importante et qui va peut-être- j'espère que non- faire passer la question climatique au second plan, même si celle-ci y participe, c'est celle de la guerre (y compris nucléaire), de la confrontation, des conflits et de la violence inter étatique et ou infra étatique. En France la violence de la parole dans les réseaux sociaux, mais également à l'Assemblée Nationale, a remplacé la parole et l'échange démocratique.
Je suis d'un naturel optimiste, tout en restant lucide. Nous ne sommes pas à l'abri d'un conflit mondial généralisé, tant les tensions sont importantes de par le Monde, y compris en Europe et en France.
Le Monde et ses peuples sont sur une poudrière -Guerre russo-ukrainienne avec les menaces sur la centrale nucléaire de Zaporijia, bombardées, les va t en guerre dans les pays baltes, en Ukraine et en Russie, etc Des tensions et des zones de guerre dans d'anciens satellites de l'URSS: Géorgie, Azerbaïdjan, Arménie, les républiques d'Asie centrale, etc
-La montée de l'extrême droite en France, aux portes du pouvoir en Italie avec le parti héritier de Mussolini et en montée constante en Espagne avec le Mouvement VOX , héritier de Franco, etc. Une droite extrême au pouvoir en Pologne et en Hongrie. Une partie de l'Europe glisse sur la pente dangereuse de l'extrême droite.
-Aux Etats-Unis il suffirait d'une étincelle (arrestation de Trump par exemple qui mériterait pourtant 100 fois d'aller devant les tribunaux) pour que se déclenche une guerre civile, la 2ème après la guerre de Sécession (1861-1865). Mes interlocuteurs sont assez pessimistes sur l'avenir du pays.
-En Afrique, outre les dictatures militaires qui progressent, l'islamisme étend son emprise y compris dans les pays côtiers de l'Afrique de l'Ouest, pourtant épargnés jusque là. Un certain nombre de pays africains sont à la dérive, générant des migrations massives qui seront renforcés par le réchauffement climatique.
-Les prétentions de la Chine à dominer la planète et les tensions que cela va générer. En charge de la coopération avec la Chine à la communauté d'agglomération de Vichy et à la région Auvergne, j'ai eu l'occasion de me rendre à plusieurs reprises en Chine, dans les années 2000 et au début des années 2010. Cela m'avait amené à beaucoup m'informer et lire sur ce pays, sur son Histoire passée et présente. J'ai beaucoup apprécié le dynamisme et la ténacité du peuple chinois. Cela m'avait amené à comprendre la ligne politique de Deng Xioping, le père de la modernisation du pays. Et à la défendre avec vigueur. Certains d'entre vous se rappellent mes écrits. Mais les échos qui me parviennent de ce qui se passe là-bas sous l'ère de Xi Jinping, ne sont pas rassurants sur les évolutions du pays depuis quelques années. J'en discutai récemment avec 2 amis, l'un qui a dirigé une Alliance française en Chine et maintenant en Inde et l'autre qui a dirigé toutes les Alliances françaises de Chine et qui a terminé l'an dernier sa carrière au Pakistan. Ils sont très inquiets sur les évolutions intérieures et sur les évolutions extérieures. La Chine aujourd'hui, n'est plus celle de Hu Jintao (président de 2003 à 2013). Avec Xi Jinping, nous avons à faire à un dirigeant qui n'a qu'une obsession, rétablir l'intégrité et la puissance de la Chine impériale. Et balayer tout ce qui s'oppose à cette volonté de puissance en interne et à l'extérieur. Ne sous-estimons pas les manoeuvres chinoises sur Taïwan qui viennent d'avoir lieu.
-Avec son projet de route de la soie, la Chine entend prendre le contrôle des infrastructures de nombreux pays qui lui sont redevables. Pour ne prendre que l'exemple du Pakistan qui dépend énormément de la Chine pour la construction des infrastructures, le pays est désormais très endetté vis à vis de la Chine. La Chine pour la sécurité de ses ressortissants qui travaillent sur les chantiers, s'appuie sur l'armée avec une importante corruption des généraux. Le petit peuple lui ne reçoit rien de cette coopération. Selon mon ami, le pays s'il rembourse actuellement les intérêts de la dette sera incapable de rembourser celle-ci. Et ce que fait la Chine à ce moment là, c'est de se rembourser en devenant actionnaire majoritaire des infrastructures. Pour mon ami, connaissant bien les populations pakistanaises, il arrivera un moment où elles vont se retourner contre les chinois présents sur place. Il me dit "il y aura des massacres de chinois, et l'armée chinoise sera contrainte d'intervenir".
- Zone Indo-Pacifique, zone à haut risque. Nous pourrions bien avoir également un conflit majeur et destructeur dans les années à venir dans la zone Indo-Pacifique. Tensions de la Chine avec le Japon et la Corée du Sud. Une Corée du Nord, surarmée et disposant de l'arme nucléaire. Fortes inquiétudes au Vietnam et dans les pays de la région. La Chine tente de s'implanter dans toutes les îles du Pacifique et encourage en sous mains les mouvements indépendantistes, y compris dans les territoires français des Outre-Mer.
-Les revendications nationalistes explosent à de nombreux endroits comme en Inde avec le gouvernement de Narendra Modi contre les musulmans, avec une situation de guerre au Cachemire avec le Pakistan et des tensions avec la Chine sur le tracé des frontières. Guerres au soudan, en Ethiopie, au Yemen, en Syrie, en Birmanie. La poudrière des Balkans est toujours là et il suffirait d'une étincelle pour que la guerre reparte. -Le conflit israélo-palestinien toujours aussi vivace depuis 1947 qui risque à terme, avec la situation en Syrie de déstabiliser la Jordanie et l'ensemble du Moyen Orient
- Afghanistan, Pakistan, Irak, Iran, Syrie, Turquie, une poudrière. L'Iran qui est proche de détenir l'arme nucléaire entend faire entendre la voix, y compris militairement, des chiites face aux sunnites, ainsi que face à l'Occident. La tentative d'assassinat de Salam Rushdie est là pour nous le rappeler.
- Un Occident replié sur lui-même.
Le positionnement différencié vis à vis de l'Ukraine et de l'Afghanistan illustre ce repliement. Silence sur le sort du peuple afghan, à de rares exceptions, dans les médias alors qu' il ne se passe pas un jour où on ne nous parle pas de l'Ukraine et où on suit au jour le jour les combats entre russes et Ukrainiens. L'Europe a accueilli à bras ouvert les réfugiés ukrainiens. Cette solidarité envers les ukrainiens était nécessaire. La proximité de l'Ukraine, la guerre à notre porte explique cette solidarité et le flot d'informations. Mais pourquoi les 2 poids, 2 mesures entre ces 2 pays? Un lien quotidien avec l'Ukraine et le silence sur L'Afghanistan, pays que les USA et l'Occident ont lâchement abandonné. Sans compter les guerres et les centaines de milliers de victimes dont on ne parle pas: Yémen, Éthiopie, Soudan, etc. Comment voulez-vous que l'immense majorité des peuples regardent positivement l'Occident ? Un Occident qui apparaît replié sur lui même et seulement soucieux de celles et de ceux qui lui ressemblent.
-Les tensions et les conflits sont désormais légion et génèrent un réarmement généralisé et une course aux armements des plus sophistiqués, y compris dans l'espace.
Les traités de non prolifération des armes nucléaires sont suspendus. La coopération spatiale est de moins en moins de mise. Les russes se retirent de la station spatiale et les chinois font cavalier seul. Je ne fais que dépeindre à grands traits cette situation mondiale extrêmement inquiétante où la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres. Alors comment éviter cet affrontement et cet effondrement qui laisserait place à la Barbarie? Quelles que soient les religions, les langues, les culture, la situation sociale et politique, nous vivons tous sur la même planète, poussière dans l'univers. Chacun doit être conscient que nous sommes interdépendants et qu'aucun pays ne s'en sortira seul.
La seule voie pour l'avenir de la planète Terre et de ses habitants, c'est celle de la coopération et du dialogue.
La France, membre fondateur du Conseil de l'Europe et de l'UE, des Nations unies et membre permanent du Conseil de sécurité, pourrait jouer un rôle important. Mais elle ne doit pas apparaître comme inféodé aux USA et ne pas s'inscrire dans une logique de blocs. Elle doit pouvoir parler avec tout le Monde, même avec ceux que l'on n'aime pas.
L'ONU ?
Bertrand Badie dans ORIENT XXI indique que "ce qui qui faisait alors la force de l’ONU fait aujourd’hui sa faiblesse. À savoir une confiance absolue accordée aux plus puissants — en l’espèce les cinq membres permanents du Conseil de sécurité — pour régler tous les problèmes. Or l’évolution des relations internationales a fait que les cinq cogérants du monde se sont installés dans une fonction de blocage consistant à pérenniser à tout prix leur rang et leur statut dérogatoire, ce qui explique la totale paralysie du Conseil de sécurité et la connivence de ces cinq États pour refuser d’y délibérer sur les grands sujets globaux.". Bertrand Badie ne croit pas que l'ONU puisse se réformer en l'état. Mais il souligne que si l'ONU est bloquée par le Conseil de sécurité et les droits de véto des 5 membres permanents, elle joue un rôle très important dans de nombreux domaines. Les grands succès de l’ONU c’est le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a quand même eu le prix Nobel il y a deux ans, c’est le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), c’est le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), c’est l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), c'est l'UNESCO, c’est l’Organisation mondiale de la santé (OMS), contrairement à ce qu’on a pu dire pendant la crise du Covid.
Faut-il cependant mettre une croix sur une réforme en profondeur du conseil de sécurité et de l'Assemblée générale?
Nous avons impérativement besoin d'une instance internationale qui oeuvre pour la paix, la dignité et le respect de tous les peuples.
Ne serait-il pas nécessaire
-d'organiser sous mandat de l'Assemblée générale, une conférence de tous les Etats pour réfléchir à la refondation d'une instance de l'ONU, respectueuse de tous ses membres, dans son fonctionnement et son organisation au service de la paix et ne reposant pas au conseil de sécurité sur le droit de véto.
-faire de l'ONU, une instance de médiation respectée et reconnue par tous les Etats
-Rejoindre l'association française pour les Nations Unies -dynamiser les différentes agences des Nations unies et avoir le souci de faire connaître régulièrement leur action auprès des citoyens.
-l'UNESCO dont le siège est à Paris et présidé par une française a un rôle fondamental à jouer qui est sous-estimé notamment en France, alors que c'est une instance qui fédère de nombreux acteurs dans le domaine de la jeunesse, de la formation et de la culture. En 1965, à l'Ecole Normale d'instituteurs de l'Allier, nous étions abonnés au Courrier de l'UNESCO.
Qu'en est-il aujourd'hui au niveau de la formation des enseignants? L'UNESCO a pour objectif de « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité en resserrant, par l’éducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d’assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l'Homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion, que la Charte des Nations unies reconnaît à tous les peuples ».
Faire connaître et valoriser l'UNESCO, via les sites et territoires labelisés UNESCO et les acteurs labelisé patrimoine culturel immatériel de l'humanité, développer le Réseau des villes créatives et les clubs UNESCO dans les écoles, etc
-Faire du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC), une instance réellement représentative des acteurs de la société civile de chaque pays. Faire connaître son action avec implication dans chaque pays
La Francophonie?
La francophonie, c'est la 5ème langue parlée dans le Monde, 321 millions de francophones, une organisation, l'OIF ,forte de ses 88 Etats et gouvernements qui en sont membres. Une organisation là aussi sous-estimée par la France. Des citoyens, des associations et les élus non informés de l'intérêt de la Francophonie. Valoriser la francophonie, être fier de la langue française et de sa présence dans le Monde entier développer des coopérations avec des territoires et des partenaires francophones.
Le Conseil de l'Europe?
La France a trop délaissé cette instance européenne qui en son sein accueille 48 pays. Ayant siégé au Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe, j'en ai vu l'intérêt. J'ai assisté au débat en séance au débat sur la guerre Russie/Géorgie avec des élus des 2 pays. La « communauté politique européenne », proposée par Emmanuel Macron le 9 mai dernier à Strasbourg, est une piste intéressante qui pourrait s'adosser au Conseil de l'Europe. Instance de dialogue, respectueuse de chaque partenaires elle permettrait que chacun se parle et co-construise des solutions.
La France, acteur de la zone Indo-Pacifique?
Par la Polynésie française, Wallis et Futuna et la Nouvelle Calédonie, la France (seule puissance de l'UE qui intervient là-bas) est très présente dans ce secteur, a un rôle modérateur à jouer. Non alignement et autonomie vis à vis des USA et travailler avec tous les pays de la région, Chine comprise. On pourrait avoir la même démarche dans la zone caraïbes par la présence des territoires des Outre-Mer
L'enjeu du désarmement Tant qu'il y aura profusion des armes nucléaires et des armes les plus sophistiquées, la paix ne sera pas assurée et le pire sera toujours au-dessus de nos têtes. Il es impératif de relancer les conférences du désarmement, sur le nucléaire notamment. Mais il n'y aura jamais désarmement si des pays se sentent toujours menacés. Il est nécessaire d'acter solennellement le fait de la non intervention dans les pays. L'Occident et les USA en particulier, les partis de ces pays de gauche, écologistes, de droite, d'extrême droite ou d'extrême gauche doivent cesser de vouloir importer et imposer leur modèle à la terre entière.
Chaque jour on mesure les conséquences des interventions en Irak et en Libye, sans remonter dans le temps. Il faut faire confiance aux peuples dans leurs choix et dans leurs interventions. Les seules interventions dans le respect, c'est celle de la coopération dans de nombreux domaines (culture, environnement, éducation, recherche, social, etc)
Si les dirigeants, si l'ensemble des acteurs du développement des pays, si les citoyens eux-mêmes se positionnent sur le terrain de la coopération, du dialogue et du respect de chaque peuple et culture, alors le pire sera évité et nous pourrons faire face aux enjeux et autres défis auxquels l'humanité est confronté, notamment le dérèglement climatique.
Il est de la responsabilité de chacun pour y parvenir.
Jean-Claude MAIRAL
Président de « Planète Jeunes reporters-Sur les pas d'Albert Londres »
Co-fondateur de I-Dialogos
13-08-2022